Conférence – 3ème édition de l’étude Double Pénalité de Pauvreté

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« Il faut trouver des mécanismes de tarification et de soutien afin de réduire durablement et efficacement la double pénalité de pauvreté à sa racine » Martin Hirsch, co-président de l’Action Tank Entreprise et Pauvreté

Près de 200 personnes ont suivi notre  présentation de l’étude sur la double pénalité de pauvreté, réalisée cette année en partenariat avec le Boston Consulting Group, la Délégation Interministérielle à la Prévention et la lutte contre la pauvreté et la Banque Postale, qui a eu lieu ce mardi !

Enseignements

Animée par Jacques Berger, et introduite par Stéphane Dedeyan, notre conférence a débuté via une présentation des nouveaux enseignements de cette nouvelle édition par Guillaume Ginebre et Thomas Bedouet :

En 2023, la double peine est estimée à environ 700€ par an pour les ménages des 2 premiers déciles, elle se concentre à 90%, sur 5 postes de dépenses : le loyer, les charges et l’énergie, la mobilité, les assurances et les emprunts. Cependant, de fortes disparités persistent, pour 1 million de Français·e·s la double pénalité représente plus de 1 500€ par an.

Il existe des mécanismes de soutien mais ces derniers peuvent être améliorés, notamment sur le non-recours, pour exemple à l’APL. En simplifiant les démarches et en mettant en place une attribution automatique, le taux de non-recours se verrait limité. Des approches volontaristes et collectives d’entreprises peuvent aussi être un outil majeur de lutte contre ce phénomène, rejoignant les propos introductifs de Stéphane Dedeyan.

« La double pénalité de pauvreté est un enjeu de taille : comprendre quelles sont les causes racines et comprendre quels leviers activer est très important pour nous, pour se projeter dans l’action ». Stephane Dedeyan, président du directoire de la BP

Table ronde

La table ronde a permis de percevoir la double pénalité sous différents angles avec, notamment, des retours d’expériences de terrain.

  • Hélène Ducourant, enseignante-chercheuse en sociologie, est revenue aux origines du terme de double pénalité, inventé par le sociologue américain Caplovitz qui a documenté dans le Harlem des années 60 les logiques d’exclusion, de ségrégation spatiale, de dépendance au crédit, de rapport qualité / prix défavorables aux ménages pauvres mis en place par des commerçants peu scrupuleux.

 

  • Thibaut Largeron, responsable National de Groupes au sein de SOS Familles Emmaüs, a évoqué comment les facteurs de double pénalité et les profils identifiés dans l’étude, résonnaient avec l’action de l’association qui propose un accompagnement socio-budgétaire souvent en lien avec les problématiques de mobilité et de frais bancaires : à titre d’exemple, des ménages éloignés du numérique qui ne peuvent pas imprimer leurs relevés ou faire des virements se voient facturés des frais de gestion très élevés.

 

  • Julie Laurent, co-directrice du Club Mobilité, a présenté comment l’offre de LOA avec financement par microcrédit et les dispositifs d’avance de subventions territoriales mis en place avec la Métropole de Rouen par exemple sont un levier de réduction de la double pénalité de pauvreté : les bénéficiaires font des économies de l’ordre de 30% d’économie par rapport à leur budget précédent et viennent nous voir avec des véhicules de 18-20 ans d’âge.

 

  • Matthieu Geraads, Directeur de la Prévention et de l’Action Sociale du Département de la Seine-Saint-Denis, a rappelé l’importance de mieux investir la question des dépenses des ménages bénéficiaires des minimas sociaux qui sont partuiculièrement exposés à la double pénalité : l’expérimentation en cours d’un chèque alimentaire, en partenariat avec Action contre la faim, vise notamment à réduire la double pénalité de personnes logées à l’hôtel (parmi d’autres publics), de favoriser une nutrition saine, et d’éviter des problématiques et des dépenses de santé à long terme.

 

  • Adrienne Horel-Pages, directrice de l’engagement citoyen de La Banque Postale, a évoqué deux outils permettant de lutter contre la double pénalité sur le logement : une offre de crédit immobilier basé sur un score d’impact qui permet aux ménages modestes engagés dans un projet de rénovation énergétique de bénéficier d’une bonification tarifaire sur leur crédit immobilier ; et le développement d’un score de précarité énergétique qui permet aux équipes de La Banque Postale de détecter les situations de précarité énergétique de leurs clients, et de mettre en place un accompagnement par les conseillers de la plateforme de l’Appui.

Keynote

Anne Rubinstein, déléguée interministérielle à la prévention et à la lutte contre la pauvreté, a pu évoquer les avancées de l’expérimentation de la solidarité à la source et des avancées dans la lutte contre le non-recours dans une dizaine de territoires pionniers. « L’étude montre que les entreprises ont un rôle déterminant à jouer dans la lutte contre la pauvreté, aux côtés de l’Etat. C’est toute la société qu’il faut emmener dans ce combat. ».

Conclusion

En conclusion, Martin Hirsch, a expliqué que pour rendre effective la lutte contre la double peine, il est nécessaire de s’appuyer sur une triple expertise : expertise sur les dépenses des ménages, expertise sur la composition des prix et une expertise d’évaluation de l’effet réel des politiques publiques.

Merci à tous les intervenants qui ont participé à cette conférence.

Table ronde : Peut-on lutter contre la double peine de la pauvreté ?

 

Vendredi 24 juin dernier, l’Action Tank a participé aux Dialogues de l’économie citoyenne 2022, pour présenter les résultats d’une étude sur la « double-pénalité de pauvreté » en France, conduite en partenariat avec le Boston Consulting Group (BCG) et La Banque Postale. Nous avons échangé sur ce phénomène de double-pénalité de pauvreté, qui désigne le fait que les ménages pauvres doivent, en plus de subir un pouvoir d’achat plus faible, payer un même bien ou service plus cher par unité de consommation que le consommateur médian. Jacques Berger, directeur de l’Action Tank, a restitué ces travaux lors d’une table ronde, aux côtés de Jean-Louis Kiehl, Président de CRÉSUS, et de Marion Rouso, Directrice Générale de la banque de détail et Directrice Générale adjointe de la Branche Grand Public et Numérique de La Poste Groupe.

 

Pour visionner le replay de la session : cliquez ici (à partir de 50’44)

 

L’étude complète sur la double-pénalité de pauvreté pourra être téléchargée prochainement sur notre site.

 

L’étude sur la double-pénalité de pauvreté menée en 2022 par l’Action Tank et le BCG (dans le cadre de sa contribution pro-bono à l’Action Tank), et en partenariat avec La Banque Postale, avait pour objectif de :

  • quantifier la double-peine éprouvée par les ménages pauvres du premier décile de niveau de vie, par catégorie de dépense – en étudiant notamment divers profils spécifiques, car la double-peine éprouvée dépend de la structure de consommation, qui varie d’une ménage à un autre ;
  • réinterroger les mécanismes sous-jacents conduisant à des effets de double-peine de pauvreté (facteurs explicatifs de la double-peine) ;
  • mettre en lumière des effets qui viennent, dans une certaine mesure, compenser la double-peine éprouvée par les ménages pauvres (politiques publiques)

 

Cette étude s’appuie notamment sur l’enquête INSEE sur les dépenses des ménages en France de 2017, des analyses sectorielles de l’offre actuelle, ainsi que sur des entretiens conduits auprès de personnes en situation de vulnérabilité financière, en partenariat avec la plateforme L’Appui de la Banque Postale et Crésus.

 

Vous pouvez recevoir la présentation et les éléments extraits de l’étude sur la double-pénalité de pauvreté partagés lors de la table ronde, en cliquant sur le bouton rouge ci-dessous.

1 fichier à télécharger :Dialogues_de_léconomie_citoyenne_Double peine_24_06_2022

Matinale Silver Valley

L’Action Tank a participé à la Matinale « Retraité = Fragile, vraiment ?! » organisé par la CNAV & Silver Valley le 2 décembre 2020.

Notre chef de projet Manon Caillon a témoigné des projets que nous menons et des enseignements tirés lors de la table-ronde intitulée « Fragilités et non-recours : des leviers pour agir » :

  • De quelles fragilités parlons-nous ?
  • Comment changer les pratiques vers davantage d’identification pro-active des personnes fragiles ?
  • Comment lutter contre le non-recours ?

Pour en savoir plus : https://silvervalley.fr/evenements-silver-valley/matinale/

Restitution du « Strasbourg métropole logement d’abord »

Depuis plus de trois ans, l’Action Tank promeut la généralisation du logement d’abord en France pour l’ensemble des ménages sans domicile. Le modèle du logement d’abord, favorisant l’accès direct à un logement pérenne et à un accompagnement adapté, permet une amélioration considérable des conditions de vie des sans-domicile et repose sur une philosophie qui répond mieux à leurs désirs et aspirations.

L’Action Tank a en effet montré, à travers un recensement des expérimentations françaises et étrangères, les résultats probants liés à l’adoption de ce modèle. L’Action Tank a ensuite cherché à définir les conditions de généralisation de ce modèle à l’échelle nationale, et a modélisé les coûts évités potentiels liés à sa mise en oeuvre.

L’Action Tank a ensuite réfléchi aux conditions de mise en oeuvre du logement d’abord à l’échelle locale, et a réalisé, en partenariat avec l’Agence nouvelle des solidarités actives (Ansa), une étude de faisabilité visant à formuler des mesures concrètes, territorialisées et chiffrées pour transformer la prise en charge des personnes sans domicile à l’échelle de l’Eurométropole de Strasbourg. Publié en septembre 2018, le rapport Strasbourg, métropole logement d’abord : étude de faisabilité et propositions d’actions, propose une dizaine de mesures phares autour de l’accès au logement, de l’accompagnement et de la prévention des expulsions et des ruptures.

En mars 2018, l’Eurométropole de Strasbourg a été retenue comme territoire de mise en œuvre accélérée du logement d’abord dans le cadre d’un plan gouvernemental. L’Action Tank et l’Ansa ont contribué activement à la feuille de route élaborée par l’Eurométropole et la Ville de Strasbourg et la DDCS du Bas-Rhin, qui intègre la majorité de leurs propositions.

L’Ansa et l’Action Tank espèrent que ce rapport éclairera également les 23 autres territoires de « mise en œuvre accélérée du Logement d’abord  » soutenus par le gouvernement. En plus des mesures pouvant être adaptées à d’autres territoires, le rapport explique la méthodologie utilisée pour analyser les besoins du territoire et étudier la faisabilité des mesures.

Vous trouverez ci-dessous les liens vers le rapport complet, sa synthèse, et une infographie reprenant l’essentiel des mesures proposées.

Une présentation du rapport aura lieu en octobre avec l’ensemble des partenaires de la démarche.

3 fichiers à télécharger :Synthèse_Strasbourg métropole logement d’abord_Juillet 2018Infographie_Strasbourg métropole logement d’abord_Juillet 2018Rapport_Strasbourg métropole logement d’abord_juillet 2018

Restitution du rapport « Le logement d’abord : et après? » par l’Action Tank et l’Ansa le 13 mars 2017 à la Fondation Caritas

Le logement d’abord, et après ?
Bilan et propositions pour la généralisation du logement d’abord en France

Alors que la loi pour le droit au logement opposable (Dalo) vient de fêter ses 10 ans, l’Agence nouvelle des solidarités actives (Ansa) et l’Action Tank Entreprise et Pauvreté publient, avec le soutien de la Fondation Caritas France, le rapport « Le logement d’abord : et après ? » afin de dresser un bilan et proposer des pistes concrètes pour favoriser le changement d’échelle de cette approche.

En décembre 2006, le mouvement des Enfants de Don Quichotte occupait les bords du canal Saint-Martin à Paris pour alerter l’opinion publique sur les conditions de vie des personnes sans-domicile. Cette opération a abouti à l’instauration d’un droit au logement opposable (Dalo), à la pérennisation de places d’hébergement, et, plus globalement, au lancement d’une stratégie nationale pour le « logement d’abord ».

La stratégie du « logement d’abord » visait à réorganiser le dispositif d’hébergement et d’accès au logement de manière à privilégier un accès direct à un logement ordinaire et durable, au moyen, lorsque nécessaire, d’un accompagnement adapté, ajustable en intensité et en durée. Elle s’inspirait du modèle « Housing First », né aux États-Unis à la fin des années 1980, privilégiant un accès direct au logement et un accompagnement pluridisciplinaire pour des sans-abri chroniques souffrant de troubles psychiques sévères. Cette approche remettait en cause le système d’accès au logement par paliers.

À ce stade, l’approche du « logement d’abord » a surtout été mise en œuvre dans le cadre de projets innovants et expérimentaux à petite échelle, et généralement pour des publics spécifiques. L’exemple le plus emblématique étant l’expérimentation « Un Chez-Soi d’Abord », coordonnée par la Dihal, très fidèle au modèle « Housing First » initial, qui a fait la preuve que 85% des 350 sans-abri présentant de graves troubles psychiques pouvaient se maintenir dans leur logement. D’autres initiatives se sont également développées à l’échelle locale, comme celle de l’association Visa, dans le Nord, qui a développé une formule de CHRS « hors-les-murs » permettant un accompagnement intensif dans le logement pour des personnes souffrant d’addictions.

Ces expérimentations sont des avancées très positives, qui ont confirmé les résultats observés ailleurs dans le monde. Cependant, elles restent très locales et marginales comparées aux dispositifs classiques. La question qui se pose aujourd’hui n’est plus celle de la pertinence du modèle « logement d’abord » mais sa systématisation pour les personnes aux profils les plus complexes et son élargissement à d’autres publics.

À l’échelle nationale, quelques mesures ont permis des avancées vers un accès plus direct au logement pour les sans-domicile : parmi elles, la reconquête du contingent préfectoral pour reloger ces publics, la création des SIAO pour centraliser l’offre et la demande, l’étayage de l’offre de logements accompagnés (notamment les pensions de famille). Toutefois, les mesures nationales n’ont pas toutes porté leurs fruits : la mobilisation et la production de logements sociaux adaptés est encore insuffisante ; le dispositif d’accompagnement est sous-dimensionné, éclaté entre les financeurs et les opérateurs ; la logique de parcours en « escalier » continue à prévaloir au niveau de l’orientation et de l’accompagnement des ménages. La situation est d’autant plus préoccupante que la logique de gestion de l’urgence semble s’imposer devant celle du « logement d’abord ».

La réalité pour les sans-domicile reste celle d’un accès au logement difficile, voire impossible, surtout pour les personnes les plus en difficulté. Ainsi, l’Action Tank Entreprise et Pauvreté estime qu’une personne sur 3 à la rue aujourd’hui sera encore à la rue dans 5 ans. Contrairement à sa vocation initiale, le DALO ne garantit pas un accès au logement pour tous : en 2014, 60 000 ménages restent à reloger, ayant attendu entre 1 à 7 ans pour une proposition de logement.

Dans le rapport « Le logement d’abord : et après ? » l’Ansa et l’Action Tank proposent trois actions pour favoriser le passage à l’échelle du « logement d’abord ».

→ L’expérimentation d’un accès direct au logement avec un accompagnement adapté pour un large ensemble de personnes sans-domicile, présentant des besoins diversifiés, à l’échelle d’une agglomération
→ L’accompagnement des acteurs de terrain (collectivités et opérateurs associatifs) à s’approprier les approches de type « logement d’abord »
→ L’élaboration et l’animation d’une nouvelle stratégie nationale de « logement d’abord »

En alliant des politiques nationales et une mobilisation des territoires, la relance du « logement d ‘abord » permettra une transformation de la prise en charge des personnes sans-domicile et rendra effectif le droit au logement.

Contacts presse

Pour recevoir le rapport et s’inscrire à la conférence : Marion PRIGENT, chargée de communication à l’Ansa – marion.prigent@solidarites-actives.com – 01 70 36 43 44

Pour en savoir plus sur le rapport :
Ben RICKEY, responsable de projet à l’Ansa – ben.rickey@solidarites-actives.com – 01 70 36 43 45
Guillaume GINEBRE, chef de projet à l’Action Tank Entreprise et Pauvreté – gginebre@at-entreprise-pauvrete.org – 09 82 40 98 80
Claire LOT, chef de projet à l’Action Tank Entreprise et Pauvreté – clot@at-entreprise-pauvrete.org – 09 82 40 98 80

2 fichiers à télécharger :Ansa_AT_LogementDabord_CPAnsa_AT_Logementdabord_Rapport_2017_VF

Global Social Business Summit 2015

L’Action Tank a participé les 4 et 5 novembre 2015 à la 7ème édition du Global Social Business Summit (GSBS), à Berlin.

Le GSBS est le forum mondial des acteurs du social business. Il réunit des représentants du monde de l’entreprise, de la société civile, ainsi que des acteurs publics et des chercheurs autour de conférences et de workshops. Cet événement annuel est organisé par le prix Nobel Muhammad Yunus et son conseiller Hans Reitz.

L’Action Tank a été largement associé à l’organisation de ce GSBS en participant à une session plénière intitulé «The Inspiration», au cours de laquelle Emmanuel Faber et Martin Hirsch, ses co-présidents et fondateurs, Bénédicte Faivre-Tavignot, responsable de la Chaire « Social Business-Entreprise et Pauvreté » à HEC, et Jacques Berger, son directeur, sont revenus sur les conditions de sa création, la singularité de son mode d’action, et les facteurs clés de la réussite de ses projets, devant une audience internationale de plus de 500 personnes. Les différentes entreprises partenaires de l’Action Tank ont ensuite apporté leur témoignage sur les raisons de leur engagement dans les projets de social business, et leur vision de l’Action Tank pour le futur.

Le GSBS a aussi été l’occasion pour les partenaires de la délégation de nouer de nombreux contacts avec des interlocuteurs étrangers intéressés par le modèle de l’Action Tank et désireux de monter des projets similaires dans leur propre pays.