Etude sur la santé mentale des enfants et des jeunes haut-alpins

Quelle part des jeunes ont des troubles de santé mentale, en population générale ou chez les jeunes de l’aide sociale à l’enfance ? Quelle part des jeunes sont effectivement pris en charge ? Quelles évolutions de pratiques ou de dimensionnement des dispositifs pourraient être envisagés pour améliorer les réponses aux besoins ? Comment améliorer la détection des besoins le plus en amont possible pour éviter une aggravation de leurs troubles ?

Nous avons cherché à répondre à ces questions dans le cadre d’un état des lieux approfondi de la santé mentale des enfants et des jeunes haut-alpins et notamment les jeunes accompagnés par l’aide sociale à l’enfance.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les constats :

La santé mentale des enfants et des jeunes est aujourd’hui reconnue comme un enjeu prioritaire de santé publique, en France comme à l’international. De nombreuses études, tant nationales qu’internationales, font état d’une augmentation préoccupante des troubles psychiques chez les jeunes – anxiété, dépression, troubles du comportement ou encore troubles du neurodéveloppement, une aggravation constatée des symptômes psychiques précoces et un recul de l’âge de première apparition des troubles. En France, la prévalence des troubles de santé mentale chez les jeunes a connu une nette augmentation ces dernières années, en particulier depuis la crise sanitaire, et les retours du terrain indiquent que les besoins demeurent durablement élevés.

Méthodologie

  1. Revue de littérature et collecte de données nationales

Nous avons réalisé une revue de la littérature française et internationale afin de comprendre et connaitre les principales problématiques en santé mentale des jeunes, les déterminants (en particulier sociaux) et les impacts des troubles de santé mentale, et les interventions ayant fait l’objet d’évaluation robustes.

  1. Entretiens semi-directifs avec des professionnels de santé mentale dans les Hautes-Alpes

Afin d’avoir une vision terrain des problématiques et de l’offre, nous avons interrogé une vingtaine de professionnels de santé et santé mentale du territoire.

  1. Collecte de données sur la prise en charge des jeunes haut-alpins auprès d’acteurs de la santé mentale du territoire

Nous avons collecté des données d’activité des acteurs de la santé mentale du territoire afin de pouvoir les mettre en correspondance avec les besoins recensés, et d’identifier des axes d’amélioration dans la collecte et la production de données.

Synthèse

Erigée en grande cause nationale 2025, la santé mentale est devenue une priorité majeure. Et pour cause, la crise Covid a entraîné une augmentation très forte de la prévalence des troubles psychiques en France. Les jeunes sont la tranche d’âge la plus touchée par ce phénomène et le département des Hautes-Alpes ne fait pas exception.

Si la prévalence rapportée par l’OMS atteint 28% pour les jeunes femmes de 15-19 ans, des études et enquêtes plus récentes indiquent des chiffres bien plus élevés, atteignant 50% pour l’ensemble des adolescents. Les professionnels du territoire attribuent le phénomène de dégradation depuis la crise Covid à plusieurs facteurs : un contexte mondial anxiogène, les confinements sanitaires successifs traumatisants, l’usage accru du numérique, l’augmentation des violences entre jeunes et des difficultés croissantes en matière de parentalité.

Traiter la problématique de la santé mentale des jeunes est primordial puisque ce sont leurs trajectoires socio-professionnelles à long terme qui sont en jeu. Les troubles psychiques peuvent avoir des conséquences multiples et causer des trajectoires de précarité.

L’analyse de l’adéquation entre les besoins estimés et la prise en charge effective des troubles de santé mentale sur le département a permis de mettre en exergue : un besoin de places dans les structures médico-sociales (IME, ITEP et SESSAD) pour les 4 – 6 ans et les 7 – 12 ans, la nécessité de resserrer le maillage territorial de la prise en charge des troubles psychiques des adolescents, et celle d’améliorer les efforts de prévention en accompagnant les parents et en formant les professionnels au plus proche des enfants au repérage des troubles. Les jeunes de l’Aide sociale à l’enfance (ASE), dont font partie les Mineurs non-accompagnés (MNA), sont particulièrement vulnérables aux troubles psychiques en raison de leurs parcours, souvent marqué par des traumatismes sévères, et nécessitent des soins adaptés. La prise en charge de leur santé mentale, insuffisante sur le territoire, doit, de fait, faire l’objet d’une attention particulière de la part de l’ensemble des acteurs.

Enfin, une meilleure connaissance des besoins et des taux de prise en charge en santé mentale sur le département est indispensable pour adapter l’offre de soins et répondre efficacement aux besoins croissants.