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Comment essaimer les Tiers-lieux Autonomie sur son territoire ? – Guide


Comment les Tiers-Lieux Autonomie contribuent au mieux vieillir ?  

Face au vieillissement croissant de la population et au souhait de vieillir à domicile, les politiques publiques sont appelées à repenser leurs approches : comment prévenir la perte d’autonomie autrement, au plus près du quotidien des habitants ?

C’est à cette question qu’a voulu répondre le Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, en lançant dès 2021 la politique publique pionnière « Tiers-Lieux Autonomie dans mon quartier ».  A travers cette politique, le département a fait le choix de miser sur des espaces de proximité, ouverts à tous, proposant un accueil inconditionnel, convivial et non stigmatisant.

Véritables lieux ressources ancrés dans la vie locale où se croisent habitants de tous âges, aidants, associations et structures médico-sociales, les TLA contribuent à prévenir la perte d’autonomie par une l’écoute, la prévention, le lien social et l’amélioration de l’accès aux droits.

Aujourd’hui, le réseau de Tiers-Lieux est composé de 17 lieux répartis sur l’ensemble du territoire séquano-dionysien, avec l’objectif d’en atteindre 25 à l’horizon 2030.

L’année passée, le Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis a conduit une évaluation d’impact des Tiers-Lieux Autonomie, dont les résultats ont confirmé leur forte utilité sociale.

C’est dans ce contexte que l’Action Tank, partenaire du CD93 depuis 2019, a souhaité diffuser plus largement cette démarche et accompagner son essaimage à l’échelle nationale, en partenariat avec le Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis et avec le soutien d’AG2R La Mondiale.

Cette collaboration a donné lieu à la rédaction du guide « Comment développer un réseau de Tiers-Lieux Autonomie sur son territoire ? », destiné à partager les enseignements de l’expérience séquano-dionysienne et à outiller les acteurs souhaitant s’en inspirer.

Fruit d’entretiens menés auprès des porteurs de lieux, des acteurs institutionnels et des partenaires associatifs, ce guide explore de manière progressive les enjeux, leviers et conditions de réussite d’une politique publique inédite, et documente les modalités de réplication possibles sur d’autres territoires.

Il vise à répondre à plusieurs questions clés :

  • Pourquoi développer des Tiers-lieux Autonomie ?
  • Qu’est-ce qu’un Tiers-Lieu Autonomie et à quels besoins répond-il ?
  • Quelles sont les conditions d’émergence et de pérennisation d’un tel réseau ?
  • Quels enseignements tirer de l’expérience du Département de la Seine-Saint-Denis ?
  • Et surtout, comment adapter cette démarche à d’autres contextes territoriaux ?

Plus qu’un retour d’expérience, ce guide est ainsi une invitation à repenser la prévention de la perte d’autonomie à travers des démarches collectives, locales et inclusives.
Il s’adresse à toutes les collectivités, acteurs de l’économie sociale et solidaire, bailleurs, associations et institutions médico-sociales désireuses de favoriser le bien-vieillir sur leur territoire.

Télécharger le guide, c’est découvrir une politique publique innovante, documentée et transférable, qui démontre qu’il est possible de conjuguer innovation, proximité et prévention contre la perte d’autonomie.

Bonne lecture !

 

Si vous souhaitez échanger à ce sujet, vous pouvez contacter :

Clémentine PAILHES (clementine.pailhes@actiontank.org) ou Mathilde BLANCHARD (mathilde.blanchard@actiontank.org)

2 fichiers à télécharger :Guide complet Essaimer les TLA sur son territoire – Oct.2025Executive_Summary_TLA

Etude PIPASE : Que sont devenus les jeunes anciennement confiés à l’aide sociale à l’enfance de Seine-Saint-Denis ?

 

Les constats et objectifs de l’étude

Mieux connaître les parcours des jeunes accompagnés par l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE), avant, pendant et après la prise en charge, est essentiel pour adapter l’action publique à la réalité de leurs besoins.

Confrontés à des ruptures précoces – familiales, scolaires, relationnelles –, ces jeunes avancent souvent dans des trajectoires fragiles, et abordent la majorité sans les appuis sur lesquels peuvent compter la plupart de leurs pairs. À la sortie de l’ASE, beaucoup se retrouvent seuls face à des défis majeurs : accès à un logement, poursuite d’études, insertion professionnelle. Malgré quelques travaux de référence, les parcours d’insertion de ces jeunes restent encore mal connus, ce qui limite les capacités d’action à leur égard. Produire des données fines sur leurs trajectoires permettrait non seulement de mieux anticiper les ruptures, mais aussi d’accompagner durablement ces jeunes, dans toute leur diversité.

Département précurseur dans la généralisation des contrats jeunes majeurs et engagé en faveur de l’accès aux études longues pour les jeunes de l’ASE, le Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis a choisi de s’investir avec l’Action Tank dans une étude partenariale sur les trajectoires post-ASE afin de poursuivre l’évolution de ses modes d’accompagnement, rendue possible grâce au soutien de la Fondation TotalEnergies et de la DGCS. Cette démarche s’inscrit dans le cadre des obligations introduites par la loi du 7 février 2022 relative à la protection des enfants, et s’aligne pleinement avec l’ambition affirmée dans le Schéma départemental de prévention et de protection de l’enfance 2024-2028 : qu’aucun jeune ne sorte de l’ASE sans solution pérenne.

Objectifs de l’étude :

  • Appréhender l’insertion socioprofessionnelle de tous les jeunes nés entre 1980 et 2004, ayant bénéficié d’une mesure de l’ASE du Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis entre 2000 et 2022 ;
  • Comprendre la façon dont cette insertion socioprofessionnelle varie selon le profil du jeune (genre, statut MNA, etc.) et sa trajectoire au sein de l’ASE (âge d’entrée, types de mesures, ruptures de parcours, etc.) ;
  • Evaluer le niveau de recours à ces aides et dispositifs de droit commun, par ces jeunes.

Synthèse

L’étude PIPASE apporte une compréhension approfondie des parcours des personnes anciennement confiées à l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) en Seine-Saint-Denis, notamment à travers leur recours aux dispositifs de droit commun et leurs trajectoires de vie après la sortie du dispositif.

Parmi les principaux enseignements, elle révèle une forte surreprésentation des anciens confiés dans divers dispositifs sociaux, tels que le RSA, les missions locales ou encore le SIAO Insertion. Jusqu’à 30% des cohortes étudiées sont présentes dans certains dispositifs, soulignant des enjeux majeurs en termes d’insertion sociale et professionnelle, et notamment de précarité résidentielle. Cette précarité touche entre 20 et 25% des anciens confiés, avec des pics de demandes et/ou de prise en charge au SIAO Insertion chez les enfants ayant connu plusieurs lieux de placements.

L’accompagnement jeune majeur (en accueil jeunes majeurs ou accompagnement éducatif à domicile des jeunes majeurs, respectivement APJM et AEDJM), dispositif fortement promu en Seine-Saint-Denis depuis de nombreuses années, semble jouer un rôle essentiel dans la réduction du recours à certaines aides de droit commun, notamment au RSA standard. Ainsi, les jeunes bénéficiant d’un contrat jeune majeur (CJM) semblent mieux protégés face à ces situations de précarité.

Les jeunes anciennement confiés se distinguent également par un niveau de diplôme inférieur à celui des jeunes hors ASE : seulement 51 % d’entre eux ont atteint au moins le niveau bac contre 63 % pour les jeunes connus des missions locales n’ayant jamais été confiés. Cette moindre qualification complique leur insertion professionnelle durable.

L’étude met aussi en lumière une parentalité précoce beaucoup plus fréquente chez les anciens confiés, en particulier chez les femmes, suivi d’une monoparentalité, qui peuvent expliquer une surreprésentation au sein des bénéficiaires du RSA jeune.

L’étude éclaire les parcours au sein même de l’ASE. Parmi les jeunes encore accueillis la veille de leurs 18 ans, plus de 75 % bénéficient d’un CJM à 18 ans en Seine-Saint-Denis, mais ce taux varie fortement selon l’âge d’entrée dans l’ASE ou le type de prise en charge. Un phénomène préoccupant de ruptures de placement est constaté à l’adolescence, touchant particulièrement les jeunes femmes (16 % à l’âge de 16 ans). Concernant les fratries, le département de la Seine-Saint-Denis parvient plutôt bien à les maintenir ensemble, plus de la moitié des enfants placés en même temps qu’un membre de leur fratrie restant réunis sur toute la durée de placement.

Perspectives

Ces enseignements, qui recoupent partiellement ceux d’autres études nationales, mettent en avant les efforts du département en matière d’insertion et de logement, tout en soulignant la nécessité d’intensifier encore ces politiques à l’avenir, notamment sur la parentalité précoce et la précarité résidentielle, et de faire de la politique d’insertion et d’autonomie un enjeu partagé de politiques publiques. L’étude ouvre ainsi des pistes concrètes d’action pour adapter au mieux les dispositifs aux besoins réels des personnes concernées.

Par ailleurs, l’étude invite au prolongement et à l’approfondissement de cette démarche partenariale d’innovation par la donnée, en associant de nouveaux partenaires pour mieux appréhender et de façon plus robuste les différentes dimensions de l’insertion des jeunes.

Enfin, la production de ces données souligne l’enjeu de leur bonne utilisation à des fins d’observation, mais aussi de pilotage et d’action au sein de la direction de l’ASE du département, mais plus largement de tous les partenaires locaux de la protection de l’enfance.

Cette expérience pionnière s’inscrit plus globalement dans le cadre de la démarche d’innovation par la donnée dans l’ASE de l’Action Tank (IDASE).

1 fichier à télécharger :PIPASE – Etude complète vF